Avez-vous déjà eu un rêve que vous n’avez jamais osé poursuivre ? C’était mon cas, jusqu’à ce que la pandémie de COVID-19 bouleverse tout.
Je m’appelle Édouard Paris, fondateur et designer de Manime Watches.
Manime, c’est avant tout une aventure passionnée, un projet que je porte depuis quatre ans. Comme beaucoup d’entrepreneurs animés par leur passion, j’ai décidé de tenter ma chance et de créer une marque de montres. Bien sûr, ce parcours n’a pas été de tout repos : des hauts, des bas, et beaucoup de réflexion pour rester sur la bonne voie. En écoutant les retours reçus et en repensant à notre parcours, j’ai compris que nous pouvions faire plus, et surtout mieux. Nous devons affirmer notre différence et construire une identité forte.
Dans les prochains épisodes, je vous emmènerai dans les coulisses de cette transformation. Ensemble, nous explorerons le processus créatif, affronterons les défis et célébrerons les réussites. Je partagerai des éléments rarement dévoilés par les marques, des secrets bien gardés. Vous découvrirez l’envers du décor d’une micro-marque.
Au bout du chemin, nous aurons une identité renforcée pour Manime et lancerons une édition spéciale pour marquer ce nouveau chapitre.
Mais avant d’aller plus loin, revenons là où tout a commencé.
L'HISTOIRE DERRIÈRE LE STORYTELLING
J’ai toujours été passionné par les montres et, depuis mes études, j’avais ce désir profond de créer ma propre entreprise. L’idée d’être mon propre patron tout en évoluant dans l’univers horloger représentait pour moi le Graal absolu. En 2020, j’ai décidé de franchir le pas. Confiné dans mon appartement, j’avais enfin le temps et les moyens de poursuivre mon rêve. J’ai éteint ma PlayStation et me suis lancé dans cette aventure, sans aucune expérience en design, marketing ou contacts dans l’industrie. Mais avec l’envie d’apprendre et beaucoup de détermination, j’étais prêt à relever le défi. J’ai acheté des livres sur les montres, exploré internet pour comprendre le design, et cherché comment créer une entreprise, une marque et un site internet.
Autour de moi, tout le monde me déconseillait de me lancer : l’économie était en crise, et le secteur horloger encore plus. Malgré cela, j’ai pris une feuille de papier et commencé à dessiner des montres. Honnêtement, c’était du bricolage : mes croquis étaient mauvais, et j’utilisais même PowerPoint. Mais la sensation était incroyable. Je me souviens encore de l’émotion que j’ai ressentie en recevant mon premier dessin en 2D. Toute ma vie, j’avais admiré des montres conçues par d’autres. Cette fois-ci, c’était ma création.
Avec ce premier design, l’étape suivante était de définir le concept de la marque.
Vous le savez peut-être : être passionné de montres n’est pas courant. Nous sommes une espèce rare, entourée de gens qui nous regardent bizarrement quand nous faisons des "wrist roll" ou qui ne comprennent pas pourquoi nous dépensons autant pour des montres. Mais c’est une passion, et on essaie toujours de la transmettre à nos amis. Parfois, certains se prennent au jeu et commencent à s’y intéresser.
J’ai donc décidé de créer une marque autour de l’amitié. Ça peut sembler un peu cliché, mais je voulais offrir à mes amis une montre de qualité, différente de tout ce qu’ils avaient. J’en avais assez de les voir dépenser des sommes folles pour des montres équipées de mouvements quartz bas de gamme, de pièces en plastique et de finitions médiocres.
C’est ainsi qu’est née l’idée de la marque. Trouver un nom, en revanche, n’a pas été simple (je vous en reparlerai plus tard). Et en moins de deux mois, j’ai commencé à rechercher des fournisseurs.
Trouver le bon fournisseur
Avec l’ambition de créer une montre de qualité alliant matériaux nobles, finitions soignées et mouvement automatique, tout en restant accessible, j’ai commencé à chercher des fournisseurs en Chine et à Hong Kong. Après des heures interminables à prospecter, j’ai vite compris que l’enthousiasme n’était pas partagé.
Certains fournisseurs ont rejeté mes demandes de design, d’autres voulaient m’imposer les pièces de leurs catalogues, et quelques-uns exigeaient des acomptes démesurés. La communication était déjà complexe, mais la fermeture des frontières en raison du COVID a rendu les choses encore plus difficiles.
Après cinq mois de recherches acharnées, j’ai finalement trouvé un fournisseur sérieux. Nous avons lancé la production des prototypes, et tout semblait bien se dérouler… jusqu’à ce que le premier coup dur arrive.
Un jour, le fournisseur, tout fier, m’a montré d’autres projets sur lesquels il travaillait. À ma grande surprise, j’ai découvert qu’il fabriquait de fausses montres Rolex et Tudor « for firends ».
Même s’il travaillait sur des montres autour du même thème que moi – l’« amitié » – j’ai évidemment cessé toute collaboration avec lui, malgré les prototypes déjà reçus (spoiler : ils étaient affreux). J’étais anéanti. Tout ce travail pour rien. Je me retrouvais à la case départ, sérieusement tenté de reprendre ma routine : boulot, PlayStation et films.
Puis, par chance, j’ai rencontré des personnes dans l’industrie qui m’ont recommandé un fournisseur exceptionnel. Cet homme, qui avait monté son entreprise familiale après des années de collaboration avec des marques européennes, s’est révélé être un partenaire formidable. Nous partagions la même vision de la qualité.
Pour lui, par exemple, un porte-mouvement en acier était une évidence, même si cette pièce est invisible pour les clients. C’est ce genre de détail qui illustre notre engagement commun envers l’excellence et le soin apporté au projet.
Lorsque les frontières ont rouvert, je suis allé lui rendre visite. J’ai rencontré sa femme, sa fille et j’ai pu visiter les usines. Cette rencontre a marqué un tournant dans l’aventure Manime.
Better Call Saul ?
Trouver le bon nom pour une marque est un vrai défi. Il doit être choisi avec soin, car il est censé durer dans le temps.
Comme je l’ai mentionné, j’avais trouvé un nom qui correspondait parfaitement à l’idée de créer une marque pour mes amis. Tout était prêt : le modèle était finalisé, les prototypes en main, le contenu marketing préparé, et des revues programmées avec des YouTubeurs. Après un an et demi de travail, nous n’étions plus qu’à deux mois du lancement de notre premier modèle, ‘LA F.’
Et puis, j’ai reçu la lettre.
Lorsque vous lancez une marque, il est essentiel de vérifier dès que possible que le nom n'est pas déjà prit, pour cela il faut se rendre sur les bases de données de la propriété intellectuelle. Le premier investissement devrait être de déposer ce nom, que ce soit en ligne ou, si vous n’êtes pas à l’aise de le faire vous-même, via un avocat.
Malheureusement, je n’ai pas suivi ce conseil. J’ai fait quelques recherches sur Instagram et Google, avancé avec les prototypes, et ce n’est que plus tard que j’ai déposé la marque. Quelques semaines après, j’ai reçu une lettre formelle d’avocats représentant une grande marque de vêtements. Ils me demandaient poliment de cesser toute activité… ou sinon. Bien qu’ils n’aient pas menacé de me faire subir des représailles ou d’envoyer ma famille en prison, c’est clairement ce que j’ai lu entre les lignes.
Après tout ce travail, recevoir ce revers à seulement deux mois du lancement a été un véritable coup dur. Néanmoins, j’ai défendu mes droits et trouvé un accord. Mais j’ai dû changer le nom, qui est devenu MANIME. Heureusement, le nom initial n’était inscrit que sur le dos des montres et non sur le cadran, ce qui a limité les pertes financières. Cela aurait pu être bien pire.
Conseil : lorsque vous déposez une marque, méfiez-vous des lettres frauduleuses demandant des paiements. Les escrocs ciblent souvent les nouvelles inscriptions en utilisant votre adresse publique. Toujours vérifier la légitimité des demandes de paiement !
Quelques années plus tard, nous voilà en 2024. J'ai lancé un nouveau modèle, “LA FIDÈLE”, qui a été salué tant par les clients que par les critiques. Je suis heureux de ne pas avoir abandonné quand l’opportunité se présentait. Au fil du temps, j’ai noué de superbes relations dans la communauté, partagé des moments conviviaux avec des propriétaires de micro-marques, échangé des idées et créé des liens avec de vrais passionnés.
Comme je l’ai mentionné en introduction, je fais aujourd'hui face à un nouveau défi : l’identité de notre marque. L’identité de marque, ce sont les caractéristiques uniques qui influencent la perception de la personnalité, de l’apparence et du comportement d’une marque. C’est l’émotion qu’elle transmet. Pensez aux émotions que suscitent Porsche ou Omega.
Dans le prochain épisode, je reviendrai sur le lancement d’un modèle : un premier essai qui a échoué, suivi d’un second succès.
D'ici là, je vous souhaite une excellente journée !
Leçons clés à retenir
Voici quelques enseignements que j'ai tirés de mon parcours, et qui pourraient vous être utiles si vous envisagez de créer votre propre marque de montres :
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Déposez votre marque dès que possible : L’un des premiers pas cruciaux dans la création d’une marque est de protéger votre nom dès que vous l’avez choisi. Ne tardez pas à le faire, surtout pas après avoir conçu vos produits ou lancé vos premières campagnes. Les problèmes de propriété intellectuelle peuvent freiner votre lancement si vous ne faites pas attention. Croyez-moi, je l’ai appris à mes dépens !
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Soyez patient dans le choix des fournisseurs : Trouver le bon fournisseur prend du temps. Beaucoup ne partagent pas votre passion ou ne respectent pas vos exigences, et certains peuvent même être impliqués dans des pratiques peu éthiques. Restez persévérant et ne faites jamais de compromis sur la qualité. Dans mon cas, cela a pris plusieurs mois, mais cela en valait vraiment la peine.
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La persévérance est la clé : Lancer une marque n’est jamais un long fleuve tranquille. Les obstacles sont nombreux, qu’il s’agisse de défis juridiques ou de problèmes avec les fournisseurs. Mais c’est votre capacité à rester fidèle à votre vision qui vous distinguera et vous mènera vers le succès.